Aéronautique
Répression contre un syndicaliste en lutte pour les conditions sanitaires chez Aubert et Duval
Alors que la crise s’annonce particulièrement violente dans l’aéronautique, la répression syndicale commence. Sur le site d’Aubert et Duval de Pamiers, un délégué syndical est ainsi convoqué pour un entretien préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement. Une attaque claire contre son engagement sur la question des conditions sanitaires pour Sud Industrie.
Chez Aubert et Duval, l’activité - bien que réduite - n’a quasiment pas cessé depuis le début du confinement. Pourtant, face aux manquements sanitaires, les syndicats ont dû se mobiliser autour des conditions sanitaires dans cette entreprise qui produit des pièces matricées pour l’aéronautique.
SUD Industrie a ainsi lutté pour tenter d’imposer des mesures à la hauteur, comme nous le raconte Ounchiouene Kaci, délégué syndical. « {On a lancé un premier droit d’alerte le 17 mars qui n’a pas été pris en compte. Les salariés ont été obligés de continuer à travailler avec effectif réduit malgré les insuffisances sanitaires. On a ensuite lancé un deuxième droit d’alerte le 1er avril qui a conduit à une enquête commune avec la direction que celle-ci a empêché.} » rapporte le syndicaliste.
Face aux syndicats déterminés à pointer les manquements d’un protocole sanitaire décidé depuis Paris, et déconnecté de la situation du site, la direction a en effet choisi de s’attaquer aux représentants du personnel à l’occasion de l’enquête commune. « {Leur stratégie a été d’abord de nous ridiculiser, de nous harceler, de nous demander où était le « danger grave et imminent », de nous rabaisser. Alors que je tentais de mener une enquête sur l’ensemble du site, différents responsables m’ont suivi et pressionné, au point que j’ai fini par arrêter l’enquête et me mettre en arrêt maladie après trois semaines de combat. La situation était trop insupportable.} » raconte le délégué syndical.
Mais la direction ne s’arrête pas là. Cette semaine, un autre délégué syndical SUD Industrie a ainsi appris sa convocation à un entretien disciplinaire avec une sanction « pouvant aller jusqu’au licenciement ». Pour Ounchiouene Kaci, la situation est claire : « {Il s’agit de représailles contre l’activité syndicale menée pendant deux mois.} » Si les griefs de la direction ne sont pas encore connus, les syndicalistes notent à ce titre la curieuse discrétion de l’entreprise sur cette question : « {La direction a refusé de répondre à la Dépêche du Midi alors que c’est une société qui communique énormément dans les médias, récemment pour promouvoir le fait qu’on a produit des visières 3D et donné 30 000 masques périmés aux soignants. Par contre, ils sont beaucoup plus silencieux sur cette affaire…} ».
Alors que l’aéronautique se prépare à une grave crise, il n’est pas surprenant que l’entreprise, qui appartient au groupe Euromat, coté au CAC 40, tente de se débarrasser des syndicalistes combatifs. On peut en effet supposer que l’entreprise souhaite attaquer les travailleurs combatifs afin de prévenir tout risque de réponse des salariés aux plans de licenciements qui pourraient être mis en œuvre à moyen-terme. « {Il y a une crise sociale qui arrive, donc la porte est ouverte pour flinguer le droit du travail. Déjà l’inspection du travail est muselée, et on le voit, les congés payés vont sauter, les semaines vont augmenter, les licenciements ça risque aussi d’y aller…} » conclue ainsi le syndicaliste qui reste déterminé à refuser la répression syndicale de l’entreprise, aux côtés des salariés qui sont nombreux à trouver cette décision scandaleuse.